Stade National : il est temps de passer au stade adulte.


Alors qu’on attendait le Gouvernement Vervoort sur les problèmes du chômage et du logement des Bruxellois, voilà qu’on nous annonce que nous aurons bientôt un nouveau stade flambant neuf. Un stade à 300 millions € digne du top 10 qu’occupent actuellement nos Diables. Le football fait partie de notre imaginaire collectif. Ce n’est donc pas un hasard si les politiques ont toujours eu un faible pour ce sport capable de faire vibrer et lever les foules scandant le nom de ses dieux du stade. Panem et circenses, des pains et des jeux. En 2000 ans, rien n’a vraiment changé.

Le gouvernement PS-CDH-ECOLO, en baisse dans les sondages, a réussi un véritable coup de maître en rassemblant pratiquement tous les partis autour de ce nouveau projet fédérateur. Alors que la solution proposée vise à détruire le Stade Roi Baudouin, et en construire un autre en Flandre où le Gouvernement bruxellois n’exerce aucune compétence, chacun des ministres est allé de son petit avis sur le futur stade, avec ou sans piste d’athlétisme, avec ou sans bilinguisme, avec ou sans toit, avec ou sans métro, avec ou sans argent public. Occuper le terrain médiatique, faire tourner les assiettes comme les ballons, et surtout marquer les esprits à 9 mois des élections, quitte à se déjuger et dire le contraire de ce qu’on défendait hier, comme le Ministre Guy Vanhengel (Open VLD) et l’échevin de la Ville de Bruxelles Alain Courtois (MR) qui prônaient pourtant en 2006 la reconstruction du Stade Roi Baudouin au même endroit.

Pour en faire un stade 5 étoiles aux normes UEFA, les contribuables ont payé 50 millions d’euros les rénovations du Stade Roi Baudouin pour l’Euro 2000. Pourquoi un stade flambant neuf est-il devenu obsolète moins de 6 ans après ? Ceux qui nous ont rénové le Stade Roi Baudouin sont les mêmes à plaider aujourd’hui sa destruction pour faire place aux promoteurs-spéculateurs du projet NEO de la nébuleuse asbl EXCES dirigée par le PS bruxellois qui veut y construire du logement bien plus rentable. Pour rentabiliser le futur stade de Grimbergen, le club d’Anderlecht devra aussi s’expatrier en Flandre alors qu’Anderlecht a annoncé il y a un an avoir choisi Besix pour rénover son stade de 30.000 places pour 50 millions d’euros. Que va-t-on faire du nouveau stade flambant neuf d’Anderlecht s’ils doivent déménager à Grimbergen ? Il est temps pour les politiques de dépasser le stade oral des belles promesses en tous genres et d’atteindre enfin le stade adulte.

A quand des études comparatives quant aux différentes possibilités d’implantation, avec des scénarios financiers, des analyses coûts-bénéfices permettant de faire un choix raisonné, raisonnable et réaliste. Pourquoi la solution de la rénovation du Stade Roi Baudouin n’est-elle jamais envisagée? Car c’est quand même la solution la moins coûteuse qui permettrait à la Région de Bruxelles-Capitale de conserver un stade aux normes UEFA et d’arrêter toutes les autres polémiques communautaires. Et peu importe de rater le rendez-vous de l’Euro 2020 ! On se rattrapera en 2024 ou 2028.

Parce qu’aucun nouveau stade ne sera jamais prêt pour 2020. Aucune étude de faisabilité n’existe à ce jour, aucune étude environnementale, aucun prolongement du métro ne pourra être réalisé endéans les 6 ans. Et on n’est pas à l’abri d’un recours justifié des riverains, ce qui retardera de plusieurs années tout chantier. L’accord sur le nouveau stade n’a été en fait dicté que par l’Union Belge qui ne pouvait sans cela déposer une candidature pour 2020 à l’UEFA.

Les Bruxellois et tous les Belges ont besoin de politiques capables de rationalité, de bonne gestion et de bonne gouvernance, plutôt que de gabegie, de rêves de premières pierres posées ou autres plaques inaugurales. En ces temps de crise économique, les Belges ont besoin de responsables politiques capables d’humilité et de modestie, capables de refuser les projets démesurés dictés par les lobbies du béton et du ballon rond.